Half IRONMAN World Championship Lahti - Finlande - 2023

Sommaire

  1. Petit retour sur début 2023
  2. Des sponsors
  3. En route pour la Finlande
  4. IRONKIDS
  5. Un jour de course
  6. Natation
  7. VĂ©lo
  8. Course Ă  pied
  9. Des stats

Je sens Audrey qui me secoue pour me rĂ©veiller, je sors tranquillement du sommeil alors qu’elle me chuchote “Il est 5h30, le rĂ©veil n’a pas sonnĂ©!” (pour plus de prĂ©cision, elle a chuchocriĂ© selon elle). Le rĂ©veil Ă©tait censĂ© sonner il y a 1h, et 5h30 c’était l’heure du dĂ©part pour se rendre aux championnats du monde de half IRONMAN qui avaient lieu ce matin lĂ . Il y a une heure de route et le parc Ă  vĂ©lo ferme Ă  7h30, autant dire qu’on commence Ă  ĂȘtre en flux tendu. Encore une course qui dĂ©marre bien!

Il s’est passĂ© pas mal de choses depuis l’échec d’HawaĂŻ en Octobre dernier, et inutile de rappeler qu’en rentrant, je n’allais pas en rester lĂ . Audrey m’avait prĂ©venu “Si tu t’arrĂȘtes lĂ  dessus tu vas le regretter toute ta vie”, et comme j’écoute toujours ma femme (mĂȘme si je ne l’admets pas toujours), on a dĂ©cidĂ© de la suite. Il en est ressorti deux choses: Le triathlon ça prend du temps et il faut trouver le bon Ă©quilibre avec la vie de famille et la vie professionnelle. Faire une sortie vĂ©lo de 6h le dimanche matin c’est franchement pas un cadeau, pour celui (ou celle en l’occurrence) qui doit garder les enfants et aussi pour celui qui part rouler! Donc quitte Ă  mettre le paquet pour s’entraĂźner, autant trouver du temps pour le faire avec le moins d’impact possible. C’est lĂ  oĂč j’ai sollicitĂ© mon entreprise (Doctolib) pour passer Ă  80% (encore une bonne idĂ©e de ma femme). Et j’en profite pour les remercier (merci Florian et Stan pour votre confiance). Le jeudi sera dĂ©sormais pour s’entraĂźner, et vu les sĂ©ances que j’allais manger, c’était pas de trop. PassĂ© un certain niveau de performance, on commence aussi Ă  chercher Ă  maximiser l’entraĂźnement pour qu’il soit le plus efficace possible, et comme le volume d’entraĂźnement est un gros facteur de progression, je ne voulais pas me tromper dans la mĂ©thode. C’est pourquoi j’ai demandĂ© de l’aide d’un coach, c’est lĂ  qu’entre en scĂšne Romain Guillaume, triathlĂšte pro, chaudement recommandĂ© par Hind, une triathlĂšte que j’avais rencontrĂ© en 2019 pour l’IRONMAN de Finlande (coucou Hind!).

Depuis Novembre dernier, je me suis remis au travail, avec beaucoup d’application, et pleins de nouveaux conseils et mĂ©thodes venant de Romain. Pas une rĂ©volution en soit puisque le principe reste le mĂȘme. De la rĂ©gularitĂ©, de la progressivitĂ© et du volume et de l’intensitĂ© aux bons moments. Le fait de ne pas tout dĂ©cider relĂąche beaucoup le stress, sachant qu’il est parfois difficile d’ĂȘtre objectif lorsque l’on “s’auto coach”. Romain m’a beaucoup rassurĂ© et dĂ©complexĂ© sur la façon de s’entraĂźner, et surtout des moments oĂč il ne faut plus s’entraĂźner. Il m’a aussi apportĂ© son expĂ©rience de pro et des sĂ©ances que je n’aurais JAMAIS osĂ© faire, parce que je me serais dit que c’était du suicide. Et finalement ça passe, mĂȘme quand il programme 7h d’entraĂźnement un jeudi. MĂȘme pas mal. MĂȘme quand l’intitulĂ© de la sĂ©ance c’est “EnchaĂźnement du vĂ©lo - ça va piquer !!!!!!!!”. A la fin, le coach sait mieux que nous mĂȘme ce dont on est capable. “Trust the coach, trust the process”. Qu’on soit bien d’accord, globalement tout s’est bien dĂ©roulĂ©, il y a quand mĂȘme des sĂ©ances oĂč on se sent minable et tout est dur alors que c’est une sĂ©ance tranquille, des moments oĂč on resterait bien au chaud Ă  la maison parce qu’on est fatiguĂ© et qu’il pleut dehors (il pleut jamais en Normandie). Et le lendemain tu as l’impression d’ĂȘtre une machine de guerre pendant la sĂ©ance la plus dure de la semaine. Pas facile de comprendre comment notre corps fonctionne des fois 😂

Bref, avoir un coach du calibre de Romain, c’est une super expĂ©rience!

Petit retour sur début 2023

Pour cette annĂ©e, j’avais 4 grosses Ă©chĂ©ances:

  • Le triathlon de VendĂŽme fin Mai (distance half IRONMAN)
  • L’IRONMAN de Klagenfurt en Autriche Ă  la fin Juin (pour aller faire tomber les chronos)
  • Les championnats du monde de Half IRONMAN Ă  Lahti en Finlande (c’est de ça qu’on parle dans ce rapport pour ceux qui ne suivent pas) fin AoĂ»t, grĂące Ă  ma qualification Ă  Weymouth en Angleterre en Septembre 2022 (oĂč j’avais gagnĂ© dans ma catĂ©gorie, et oĂč je n’avais pas pris le temps d’écrire un rapport de course!)
  • l’IRONMAN de Floride aux Etats-Unis dĂ©but Novembre
 pour aller chercher une fois de plus la qualification Ă  HawaĂŻ en 2024 Beau programme!

Le dĂ©but de saison avec les cross s’est plutĂŽt bien dĂ©roulĂ©, mĂȘme s’il me restait des douleurs au talon (des suites de mon opĂ©ration un an plus tĂŽt! C’est long la rĂ©Ă©ducation quand ça touche aux tendons), l’entraĂźnement se passait bien et j’ai commencĂ© Ă  reprendre confiance.

Une deuxiĂšme place au triathlon L de VendĂŽme Ă  la fin Mai a confirmĂ© que la forme Ă©tait revenue, mĂȘme si j’ai souffert et que j’étais assez déçu de ma course Ă  pied. Peut ĂȘtre que certains diront “ah bah c’est quand mĂȘme bien de finir sur le podium en faisant pas une bonne course”, oui mais c’est loin d’ĂȘtre satisfaisant, j’ai fait quelques erreurs que je n’aurais pas dĂ» faire, et j’avais surtout envie de bien faire pour me remettre en selle aprĂšs HawaĂŻ. Bref, la course m’a laissĂ© un goĂ»t d’inachevĂ© et une petite douleur au talon, alors que j’avais l’impression que l’histoire Ă©tait belle et bien terminĂ©e. J’ai senti pendant la partie course Ă  pied plusieurs fois mon talon qui piquait un peu, il faut dire que les parties dans les chemins d’herbes hautes rendaient le sol instable.

La douleur s’est confirmĂ©e quand j’ai repris l’entraĂźnement, et mon kinĂ© (ce cher Antoine) m’a confirmĂ© qu’il y avait une petite inflammation, rien de trĂšs grave mais qu’il faudrait ĂȘtre patient. Sauf que l’IRONMAN d’Autriche Ă©tait un mois aprĂšs. J’ai fait de mon mieux pendant ce laps de temps pour faire avec l’inflammation, elle ne s’est pas amĂ©liorĂ©e mais n’a pas empirĂ©. J’étais tellement habituĂ© Ă  cette douleur qu’elle ne m’a pas empĂȘchĂ© de m’entraĂźner.

ArrivĂ© Ă  en Autriche je m’étais fait une raison, on verra bien pendant la course! C’est dommage parce que cette course aussi mĂ©riterait son rapport de course, mais lĂ  franchement c’est dur de tout faire. Soit je fais un bon rĂ©sumĂ©, soit je m’abstiens. Je ne peux pas me rĂ©soudre Ă  Ă©crire un truc Ă  la va vite. Et Ă©crire le rapport me prend facilement 5h, souvent Ă  coup d’une demi-heure par ci par lĂ . Bref, mis Ă  part les paysages magnifiques de l’Autriche, j’ai sorti la meilleure natation de ma vie en 56’, je visais moins d’une heure, je n’ai pas Ă©tĂ© déçu. Enfin l’impression d’ĂȘtre plus du cĂŽtĂ© d’un poisson dans l’eau que d’un caillou. J’avais fait quelques sĂ©ances avec ValĂ©ry (Toupin) avant cette course et dans ma tĂȘte je n’arrĂȘtais pas de me dire “fais le dauphin comme ValĂ©ry”.

De l’intĂ©rieur ça semblait marcher, vu de l’extĂ©rieur
 je ne sais pas, mais j’étais quand mĂȘme content de moi! EnchaĂźnement sur le vĂ©lo au poil et un super parcours de 180km, oĂč je me suis clairement bien amusĂ©. Seule la derniĂšre heure commençait Ă  ĂȘtre un peu dure, mais j’ai sorti le meilleur vĂ©lo de ma vie aussi en 4h58’, Ă  36km/h de moyenne, cool! EnchaĂźnement Ă  pied au poil Ă©galement, et Ă©tonnamment zĂ©ro douleur au talon, j’étais euphorique. Je passe les 10 premiers kilomĂštres en 42’, parfait pour l’objectif de moins de 3h sur le marathon et sous les 9h au total. Je me sentais vraiment bien jusqu’à ce que mon talon me rappelle Ă  l’ordre et me dise stop. J’ai serrĂ© les dents, puis j’ai commencĂ© Ă  ralentir, puis Ă  boiter de plus en plus.

Je me suis alors dit deux choses:

  • Je finis la premiĂšre boucle (la course Ă©tait composĂ©e de 2 boucles de 21km) parce qu’Audrey m’attend lĂ  bas, et je ne veux pas qu’elle s’inquiĂšte
  • J’arrĂȘte la course ici, je sais que je peux la finir mais si c’est pour endommager mon talon, aucun intĂ©rĂȘt. Ce n’était pas une course majeure (Ă  part aller chercher un chrono), et le reste de l’épreuve c’était trĂšs bien passĂ©.

Je m’arrĂȘterais donc au kilomĂštre 21, mais sans regret et avec l’esprit tranquille. Audrey Ă©tait bien plus dĂ©goutĂ©e que moi! Je me souviens juste lui avoir dit: “Mon talon me fait mal ça sert Ă  rien de continuer, c’est un peu frustrant. En plus je ne suis mĂȘme pas fatiguĂ©â€. Et c’était vrai, j’étais pas spĂ©cialement fatiguĂ©, mĂȘme pas mal aux jambes. PlutĂŽt un bon signe, la prĂ©paration Ă©tait vraiment bonne. Mais on n’est pas lĂ  pour parler de l’Autriche!

Des sponsors!

AprĂšs ça, sont arrivĂ©es TROIS super nouvelles, j’ai trouvĂ© TROIS sponsors pour m’accompagner 🎉

C’est une action que j’avais initiĂ© avant HawaĂŻ (un peu dans la prĂ©cipitation il faut dire) et mon club et la ville du havre avait rĂ©pondu prĂ©sent pour me donner un coup de main (financier). Cette fois-ci j’ai encore mis Ă  contribution mon book pour dĂ©marcher des entreprises. C’est assez dĂ©rangeant et bizarre (pour moi) de faire ça. Le sport est une passion et je ne le fais pas pour gagner de l’argent. Mais c’est un bon moyen d’impliquer des acteurs locaux, ou simplement faire participer des gens Ă  une aventure sportive.

C’est comme cela qu’en Juin, l’entreprise Tacher Acogex, cabinet d’experts-comptables, s’est portĂ©e volontaire pour m’accompagner dans mon projet sportif. Je ne pourrai jamais remercier suffisamment Laura de croire en moi! C’est ensuite Precision Fuel & Hydration, une entreprise de nutrition sportive britannique qui m’a offert son soutien, et vu la quantitĂ© de nourriture que l’on ingĂšre pour s’entraĂźner en triathlon, cette aide est la bienvenue. Et j’ai Ă©galement la chance de pouvoir compter sur Culture VĂ©lo Le Havre pour m’épauler, et me garantir de la performance en m’aidant Ă  financer l’acquisition d’une roue lenticulaire, et l’entretien de mon matĂ©riel. C’est un Ă©norme plus pour ma pratique!!

Merci Ă  tous pour votre soutien!

En route pour la Finlande

Revenons Ă  nos moutons. Nous voilĂ  partis pour la Finlande (nos deux filles, Audrey et moi), accompagnĂ©s de nos chers amis MĂ©lanie et Vincent et leurs deux enfants. Bon j’ai dĂ» prendre l’avion la veille parce que mon vĂ©lo avait Ă©tĂ© refusĂ© une semaine avant pour une histoire de quota de bagages hors format. Je vous passe la panique, le changement de vol avec frais supplĂ©mentaire, et les frais annexes en plus (train, nuit d’hĂŽtel, etc.). MĂȘme si c’est pas la premiĂšre qu’il nous arrive des bricoles, c’est beaucoup d’énergie et de stress. Tout le monde est arrivĂ© sains et saufs, et nous voilĂ  de nouveau sur les routes de Finlande au milieu des forĂȘts et des lacs, aprĂšs un dernier coup de stress parce qu’on a eu du mal Ă  faire rentrer la housse du vĂ©lo dans la voiture (on a eu chaud pas vrai Vincent?). Franchement il ne faut pas voyager avec un vĂ©lo c’est “un peu” galĂšre.

Je ne vais pas vous faire un rĂ©cit de nos vacances, mais entre la maison au bord du lac sans voisins Ă  portĂ©e de voix, la pĂȘche Ă  la sauterelle, les balades en barque et la peau d’ours sur le mur du salon, c’était un vrai bonheur d’ĂȘtre lĂ .

IRONKIDS

Les enfants ont aussi eu droit Ă  leur premiĂšre course pour l’IRONKIDS, enfin sauf Livia qui avait dĂ©jĂ  fait sa premiĂšre course Ă  HawaĂŻ (il y a pire comme dĂ©but dans le sport). Un autre moment plein d’émotions, PĂ©nĂ©lope, du haut de ces 1 an et demi, Ă  fait les 300 mĂštres d’une traite (elle a essayĂ© d’aller manger le cookie d’un enfant sur le bord aussi), Esteban est parti tellement vite qu’il a failli nous semer, et Paola nous a fait un sprint d’anthologie de 200 mĂštres. Trop cool! Tout ça dans un stade d’athlĂ©tisme gigantesque, au pied des tremplins de saut Ă  ski, trĂšs trĂšs impressionnant.

Un jour de course

Si vous vous souvenez du dĂ©but du rĂ©cit, on s’est levĂ© en retard, mais on est quand mĂȘme arrivĂ© Ă  l’heure et avant la fermeture du parc Ă  vĂ©lo, finalement on s’est mis la pression pour rien, ah ah
 J’étais Ă©tonnamment serein ce matin, Audrey pas tellement, alors que d’habitude c’est l’inverse. C’est bien des fois d’échanger les rĂŽles. Parce que le stress d’avant course n’est vraiment pas la partie que je prĂ©fĂšre.

On arrive sur le lieu de la course sans problĂšme, je passe au parc Ă  vĂ©los. Tout est ok, le vĂ©lo est prĂȘt (avec ma magnifique roue lenticulaire que j’ai acquise grĂące Ă  Culture VĂ©lo Le Havre!), j’ai dĂ©posĂ© mes bouteilles dessus, les chaussures sont clipsĂ©es sur les pĂ©dales et maintenues par des Ă©lastiques (pour pouvoir sauter sur le vĂ©lo Ă  la sortie de la transition), et les pneus sont bien gonflĂ©s. Direction la zone de dĂ©part Ă  environ 1km de lĂ . Les pros ont dĂ©jĂ  commencĂ© et sont sortis de l’eau, j’aurai bien aimĂ© aller les voir mais moi aussi je fais la course!

Petit footing de 5min, je mets la combi, je nage 5min (une trĂšs bonne habitude que j’ai prise, ça m’évite d’avoir les Ă©paules qui brĂ»lent en dĂ©but de course, trĂšs dĂ©sagrĂ©able), mĂȘme si je ne suis pas fan de me mouiller avant de partir. Il est 8h20 et mon dĂ©part est dans 10 minutes. Donc je me dis que ce serait pas mal d’y aller. Je finis de me prĂ©parer, tout le monde me souhaite bonne chance, je verse une petite larme (la base), c’est tellement cool d’avoir ma famille et mes amis Ă  mes cĂŽtĂ©s.

Je pars pour la zone de dĂ©part, chaque groupe d’ñge part sĂ©parĂ©ment toutes les 15min, avec un rolling start (c’est-Ă -dire par groupe de 7). Je suis Ă©tonnamment seul, mĂȘme si le dĂ©part est dans 5 minutes. Je me dis quand mĂȘme que c’est bizarre que personne ne soit lĂ  5 minutes avant le dĂ©part, et puis je me dis ensuite qu’en fait je dois plutĂŽt ĂȘtre le SEUL QUI N’EST PAS ENCORE dans la zone de dĂ©part. Petit coup de stress et un sprint plus tard, je rejoins les quelques 500 autres athlĂštes de ma catĂ©gorie, qui Ă©taient dĂ©jĂ  tous prĂȘts. Des fois je mĂ©rite une petite (grosse selon ma femme) tape derriĂšre la tĂȘte. Le mec prend son temps sans paniquer et a failli louper le dĂ©part.

C’est pas comme s’il ne m’était jamais arrivĂ© de bricoles. Bref, me voilĂ  prĂȘt, j’essaie de me faufiler pour aller un peu Ă  l’avant mais je me retrouve vite coincĂ©, et je m’en veux parce que je sais que je vais nager avec des triathlĂštes moins rapides que moi dans l’eau, et ça c’est pas bon. Cela veut dire que je vais passer mon temps Ă  slalomer et perdre du temps. Une erreur de plus Ă  ne pas refaire. On part d’un ponton qui est Ă  un mĂštre au-dessus de l’eau, je le savais Ă  l’avance donc j’ai pĂ» pratiquer le plongeon pour avoir la technique et ne pas perdre mes lunettes en cours de route. Je suis serein et chaud pour y aller.

A mon tour!

Natation

Quelques mĂštres Ă  courir avant de plonger, oĂč tout le monde se bouscule joyeusement (on reste tous des garçons qui aiment se chahuter dans le fond ah ah ah), et je “plonge”. Le plongeon en lui mĂȘme n’Ă©tait pas mauvais (j’ai pas fait de plat), mais les deux gars Ă  cĂŽtĂ© de moi ont fait un saut pieds joints en me poussant en mĂȘme temps, donc j’ai plongĂ© bien de travers. Et j’ai perdu mes lunettes au passage
 je ressors les lunettes de travers, heureusement que personne ne voit, je les remets et je fais le moulin avec mes bras pour me faire une place. DĂ©solĂ© ceux qui ont pris des coups, c’est le jeu. En mĂȘme temps j’en ai pris quelques-uns aussi.

La natation se passe bien, mĂȘme si comme prĂ©vu je passe mon temps Ă  doubler et Ă  zigzaguer pour dĂ©passer les gens. L’eau est moins froide que prĂ©vu (18 degrĂ©s), probablement Ă  cause de la quantitĂ© d’adrĂ©naline qui circule dans mes veines. Je dois plusieurs fois m’arrĂȘter complĂštement parce que des gros paquets se sont formĂ©s. C’est un peu chaotique. Globalement j’aurais quand mĂȘme bien nagĂ©, et bien mieux que les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, en 28’55”. Je sais que j’aurais pĂ» nager plus vite, mais encore aurait-il fallu arrĂȘter d’ĂȘtre dans la lune au dĂ©part!

Beaucoup de spectateurs et pas mal d’ambiances pour la transition, avec tous mes supporters sur le cĂŽtĂ©! Le parc Ă  vĂ©lo est assez grand donc il y a quand mĂȘme pas mal de trajet pour rĂ©cupĂ©rer le sac, se changer, prendre mon bracelet porte bonheur (confectionnĂ© par Paola 💙), prendre le vĂ©lo et partir sur le parcours. 5 minutes plus tard, je passe la ligne de montĂ©e et monte prudemment sur mon vĂ©lo, j’avais quand mĂȘme un peu froid aux mains.

VĂ©lo

Le dĂ©but de course est roulant, comme le reste finalement, pas de difficultĂ©s majeures Ă  part quelques cĂŽtĂ©s qui ne durent jamais plus de 5-10 minutes, donc autant vous dire que ça roulait vite! Les routes sont droites et bien entretenues, c’est trĂšs agrĂ©able. Pas mal de monde dĂ©jĂ  sur le vĂ©lo, nous Ă©tions (les 30-34 ans) partis aprĂšs beaucoup d’autres catĂ©gories. AprĂšs quelques kilomĂštres, une invitĂ©e (bien trop connue en Normandie) est arrivĂ©e pour la fĂȘte. La pluie. Pas les gouttes de pluie. Les GROSSES averses. Une minute plus tard j’étais trempĂ©, et la pluie ne s’est pas arrĂȘtĂ©e jusqu’à la fin de la journĂ©e. J’avais l’impression d’ĂȘtre Ă  la bataille du gouffre de Helm dans le seigneur des anneaux. On pense vraiment Ă  des choses bizarres pendant une course. J’ai aussi pensĂ© Ă  mon discours de la semaine d’aprĂšs, car je devenais le parrain de la fille de mes amis.

VoilĂ , sous la pluie battante, avec les bras de plus en plus gelĂ©s, et Ă  faire gaffe de ne pas tomber. Pas grand chose Ă  dire pendant le vĂ©lo puisque je ne voyais rien avec la pluie, Ă  part les mecs qui roulent en peloton alors que c’est interdit, pendant que les arbitres passent sans rien dire.

Ça me sidĂšre. Les gars sont lĂ  aux championnats du monde de half IRONMAN et ils trichent (Ă  partir du moment oĂč tu ne respectes pas les rĂšgles, c’est de la triche, soyons honnĂȘtes). Un peu déçu de l’attitude des athlĂštes, mais peut ĂȘtre que j’en demande trop. J’aurais bien aimĂ© que les arbitres de l’IRONMAN d’Autriche soient lĂ , eux ils Ă©taient intransigeants. Je me souviens que j’étais dans un groupe de 7, je faisais bien attention Ă  respecter la distance de drafting (c’est-Ă -dire suffisamment loin du vĂ©lo devant moi pour ne pas ĂȘtre dans la zone d’aspiration et risque une pĂ©nalitĂ© de 5 minutes), mais j’étais le seul. Les arbitres sont passĂ©s une fois en moto, se sont arrĂȘtĂ©s au rond point suivant, et sont repassĂ©s en mettant un carton de pĂ©nalitĂ© Ă  tout le monde sauf moi. Ah ah ah.

En tout cas, le plus dur Ă©tait de boire parce que j’avais les mains tellement gelĂ©es que je n’arrivais pas Ă  appuyer sur ma gourde. J’arrive Ă  la fin du parcours et j’entends le doux son du mĂ©gaphone de ma femme, quel plaisir! Je commençais tout de mĂȘme Ă  avoir mal aux jambes Ă  la fin, mais rien de mĂ©chant, pour l’instant tout roulait. 2h15’50” pour faire les 90km, 39,7km/h de moyenne, je n’ai jamais roulĂ© aussi vite!

La zone de transition est un Ă©norme (mais Ă©norme!) hangar dĂ©diĂ© au sport, et il me faut encore plus de 4 minutes pour faire la transition Ă  pied. C’est dingue la taille des infrastructures sportives dans cette ville de Lahti.

Course Ă  pied

A part les doigts gelĂ©s, le reste du corps va bien, et je m’élance joyeusement pour un semi marathon, bien dĂ©cidĂ© Ă  me faire plaisir et Ă  annuler la malĂ©diction de mon talon.

Le parcours Ă  pied est assez exigeant, avec quelques bosses et des montĂ©es trĂšs longues. Plus de 200m de dĂ©nivelĂ© positif, c’est beaucoup sur un semi. Pas du tout une course plate donc inutile d’espĂ©rer aller chercher un chrono fantastique. 2 tours de 10,5km, avec un passage sur le stade oĂč l’on avait fait l’IRONKIDS. La course alterne des passages en forĂȘt, traverse des habitations en bord de lac, c’est vraiment une course Ă  pied sympa.

Premier tour bouclĂ© sans encombre, avec des supers sensations. J’ai doublĂ© beaucoup de monde et je courre Ă  plus de 16km/h, je suis vraiment trĂšs satisfait. Je me souviens ĂȘtre passĂ© devant le panneau 15km (pour le deuxiĂšme tour), et m’ĂȘtre dit “quand tu passeras lĂ  au deuxiĂšme tour, plus rien ne pourra t’arriver, donc ce sera le moment de profiter Ă  fond”. J’ai croisĂ© tous mes supporters, qui malgrĂ© la pluie sont prĂ©sents pour m’encourager.

Je dĂ©marre la seconde boucle et je sens qu’un athlĂšte commence Ă  me rattraper. C’est la premiĂšre personne qui va me doubler, et je me dis que c’est le moment de s’accrocher et de voir ce qu’il me reste dans les jambes. La personne arrive Ă  ma hauteur et je me cale sur son rythme, qui n’est finalement pas beaucoup plus Ă©levĂ© que le mien. On ne s’est pas regardĂ© mais j’ai senti un accord tacite et une synchronisation qui s’est tout de suite Ă©tablie. Peut-ĂȘtre que certain(e)s trouveront ça Ă©trange mais la connexion Ă©tait lĂ . Et le festival a pu commencer! On s’est mis Ă  un trĂšs bon rythme et on a avalĂ© la concurrence. J’avais l’impression d’ĂȘtre un rouleau compresseur et les kilomĂštres dĂ©filaient sans effort. C’était vraiment grisant. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de Read (Ziegler). Bien qu’ayant des foulĂ©es trĂšs diffĂ©rentes, lui trĂšs puissante et plutĂŽt terrestre, et moi assez Ă©lastique et aĂ©rienne (une vraie biche), on se relançait mutuellement dans les montĂ©es et les descentes. Il a quand mĂȘme un physique impressionnant et j’ai l’impression de courir Ă  cĂŽtĂ© de terminator 😂

En passant le 15Ăšme kilomĂštre, je me suis dit que c’était encore plus facile que je croyais de profiter du moment prĂ©sent. On vit parfois des aventures assez inĂ©dites, je suis au milieu de la Finlande avec mes proches, en train de participer aux championnats du monde de half IRONMAN. Il pleut averse, j’ai eu une annĂ©e compliquĂ©e sur le plan physique, mais je viens de trouver un copain pour courir la fin du semi marathon et je me sens super bien. Quel kif!

On arrive au 19Ăšme kilomĂštre et la course se termine bientĂŽt, et je me dĂ©cide Ă  entamer la conversation avec Read. On a couru presque 10km cĂŽte Ă  cĂŽte sans Ă©changer une parole, mĂȘme en commençant Ă  courir ensemble. Il me dit que c’est son premier tour, puisqu’il est dans la catĂ©gorie 25-29 ans et ils sont partis aprĂšs nous. Je lui dis que je suis triste de devoir finir la course et que j’aurais bien fait un troisiĂšme tour, mĂȘme si bon, je me sens bien mais je commence quand mĂȘme Ă  fatiguer. Il me dit enfin que je vais lui manquer đŸ€— Il reste 1km, je dis Ă  Read que je vais lĂącher les chevaux pour finir la course, et je lui souhaite de s’amuser et de se faire plaisir sur le deuxiĂšme tour, ce Ă  quoi il me rĂ©pond un “Yes, Sir” tellement amĂ©ricain ah ah ah. Je passe en trombe devant mes supporters, et finis la course dans un Ă©tat un peu second, tellement soulagĂ© d’enfin sortir une bonne course sans douleur. J’ai un vague souvenir “d’exprimer ma joie” (lire crier de toutes mes forces) avant la derniĂšre ligne droite et la ligne d’arrivĂ©e, et boucler ce semi marathon en 1h19’12” et cette course en 4h12’18”. Mon meilleur chrono sur cette distance, malgrĂ© le parcours assez difficile et la pluie digne d’un automne normand. L’entraĂźnement et les efforts ont payĂ©.

Read finira la course en 4h05’42”, une vraie machine de guerre. Je suis vraiment content d’avoir partagĂ© ce moment avec lui, moi qui ait l’habitude de courir seul, c’était trĂšs cool de courir avec quelqu’un, et encore plus avec quelqu’un de sa trempe!

Je termine au final 47Ăšme/518 dans ma catĂ©gorie des 30-34 ans, avec une densitĂ© trĂšs Ă©levĂ©e (les 4 devant moi sont Ă  moins de 30 secondes), et 203Ăšme/3935 au gĂ©nĂ©ral (avec les pros). Bonne Ă©volution depuis les championnats du monde Ă  Nice en 2019 oĂč j’avais terminĂ© 163 de ma catĂ©gorie (plus de 100 places de gagnĂ©s, vivement les prochains!).

Merci de m’avoir lu jusqu’ici, c’est quand mĂȘme plus sympa d’écrire des rapports de “bonnes” courses! Que dire Ă  part un Ă©norme merci Ă  toutes les personnes qui m’accompagnent et me soutiennent dans mes aventures, mes merveilleuses filles qui ont subi la pluie pendant la course, ma famille, mes amis, mes collĂšgues (actuels ou anciens), mon coach Romain Guillaume, mes partenaires (Tacher Acogex, Culture VĂ©lo Le Havre, Precision Fuel & Hydration), mes kinĂ©s/ostĂ©o Antoine et Pierre-Antoine (coeur sur vous), mon club le HAC triathlon, ma chĂšre team SRE 💚💙 (qui sont tĂ©moins chaque Vendredi de l’intensitĂ© des entraĂźnements des Jeudis 😂), mon entreprise Doctolib, l’AB Sports Piscine et SPA (on est toujours bien accueilli, et j’ai toujours droit Ă  une installation spĂ©ciale pour mes sĂ©ances 😀), et mon village de Mannevillette.

Et encore et toujours la personne qui est toujours prĂ©sente Ă  mes cĂŽtĂ©s, et sans qui je ne serai que l’ombre de moi mĂȘme đŸ©” (encore qu’on a failli rater la course Ă  cause du rĂ©veil!). Je le dis souvent, mais au-delĂ  de la course et des entraĂźnements, c’est toute une organisation et une logistique auxquelles il faut rĂ©flĂ©chir pour que tout fonctionne, pour aller jusqu’à la course et surtout ne pas mettre en pĂ©ril son couple. On fait vraiment Ă©quipe avec Audrey, et lĂ  plupart des actions que l’on met en place viennent d’elle. C’est le cerveau du groupe soyons honnĂȘtes 😂 moi je suis les jambes et j’exĂ©cute.

Pour finir, la vie c’est comme les ascenseurs, il y a des hauts et des bas. Quand il y a des bas, il faut serrer les dents et redoubler d’efforts en attendant de remonter la pente. Quand il a des hauts comme aujourd’hui, il faut profiter du moment au maximum, avant le nouveau bas 😂

Des stats!

Un peu de statistiques et de données sur la course:

Natation:

VĂ©lo:

  • Strava - VĂ©lo
  • 2h15’50”
  • Vitesse moyenne: 39,7km/h
  • Vitesse maximum: 68,7km/h
  • Puissance normalisĂ©e: 244 Watts
  • Puissance maximale: 585 Watts
  • DĂ©nivelĂ© positif: 708m
  • 149 TSS

Course Ă  pied:

  • Strava - Course Ă  pied
  • 1h19’12”
  • Allure moyenne: 3’47”/km (15,9km/h)
  • Allure maximum: 3’15”/km (18,5km/h)
  • DĂ©nivelĂ© positif: 201m
  • 135 rTSS

Nutrition:

  • Avant la natation:
    • 1 PF&H caffeine gel 30g
  • Transition T1:
    • 1 PF&H caffeine gel 30g
  • VĂ©lo:
    • 2 gourdes (1L chacune) avec 60g de PF&H mix (60g de glucides/1000mg de sodium)
    • 1 PF&H caffeine gel 30g
    • 1 PF&H gel 90g
  • Transition T2:
    • 1 PF&H caffeine gel 30g
  • Course Ă  pied:
    • 1 PF&H gel 90g
    • 1 soft flask (500mL) avec PF&H electrolytes (1000mg sodium)

Donc au total environ 109,7g de glucides, 731mg de sodium et 605mL d’eau par heure pour cette course. Pile ce que j’avais prĂ©vu et pratiquĂ© Ă  l’entraĂźnement.

Je vous laisse sur la vue qu’on avait sur le lac depuis notre maison finlandaise.

Olivier Gerbron
Engineering Manager

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